Un animal domestique peut-il redevenir sauvage ?
La grande évasion des animaux domestiques
L’homme a domestiqué de nombreuses espèces animales pour en faire des compagnons, des sources de nourriture ou des outils de travail. Mais qu’advient-il lorsqu’un animal domestique se retrouve en milieu naturel ? Peut-il retrouver ses instincts sauvages et s’adapter à la vie en pleine nature ?
Le Muséum d’Histoire Naturelle donne une définition précise de la domestication : « On appelle ‘domestique’ un être vivant dont on contrôle le cycle de reproduction et que l’on considère, à cet égard, comme dépendant d’un humain ou d’un groupe d’humains ». Voilà 15000 ans que l’homme a tenté de domestiquer les espèces qui l’entourent. Véritable révolution dans l’histoire de l’humanité, le phénomène a permis aux hommes de se sédentariser. Une trentaine d’espèces aurait ainsi été domestiquée, toujours selon le Muséum d’histoire naturelle. Dans un contexte de fragmentation des habitats naturels, des espèces domestiquées, dites « marronnes » ou « férales », offrent un témoignage inattendu de la capacité d’adaptation du vivant. Mieux, ils nous offrent la démonstration qu’ils peuvent parfaitement survivre sans nous.
Les exemples sont légions…
Selon Science & Vie, ils seraient chaque année des centaines de milliers d’animaux à fuir la compagnie des hommes. Chats, chiens, chevaux, vaches retournent à leur état de nature. Un ensauvagement massif qui n’est pas sans poser quelques problèmes. Et le phénomène, forcément mondial, n’a rien de nouveau. Et un mot précis le désigne. La féralisation. Et le phénomène semble bien récurrent dans l’histoire de la biodiversité. Le dingo australien et le mouflon corse en sont des exemples emblématiques. Ces populations, issues d’ancêtres domestiqués, ont évolué de manière indépendante, développant des adaptations spécifiques à leurs nouveaux milieux.
Ces cas d’étude mettent en évidence la complexité des interactions entre les espèces domestiquées et leurs environnements, ainsi que les conséquences écologiques potentielles de la féralisation, notamment en termes de compétition avec les espèces indigènes et de perturbation des écosystèmes.
Une méfiance certaine vis à vis des affranchis
A y regarder de plus près, cette féralisation a de quoi éveiller quelques craintes. En Australie, les chats sauvages représentent une espèce invasive majeure, avec environ deux tiers de la population féline vivant à l’état sauvage. Leur présence pose de graves menaces pour la faune locale, comme les wallabies des rochers ou les numbats, petit marsupial endémique. Aux Galápagos, même scénario, mais avec des chèvres sauvages cette fois. Introduites par les baleiniers il y a deux siècles, ces chèvres, devenues invasives, ont gravement endommagé la flore et la faune locales, notamment les tortues et les cactus. Pour protéger l’écosystème, un programme d’extermination a été mis en place, utilisant des hélicoptères et des tireurs pour réduire leur nombre. En Nouvelle-Zélande, les lapins, devenus nuisibles pour les cultures, sont vivement combattus. Certains élus ont réclamé la levée de l’interdiction pesant sur la souche coréenne K5 du virus RHDV. Ce virus, redoutable pour les populations de lapins, provoquerait une mort rapide par hémorragie interne.
La féralisation ne se limite donc pas à un retour à l’état sauvage. Si certains animaux retrouvent une certaine harmonie avec leur nouvel environnement, d’autres deviennent une menace pour la biodiversité. Équation complexe qui invite à ne pas jouer les apprentis sorciers en réintroduisant des espèces dans un environnement qui n’est plus le leur depuis longtemps.
Actuchasse pour Caninstore