Sangliers : une prolifération hors de contrôle
Des champs aux TGV, une menace envahissante en quête de solutions
Ils causent des accidents de la route, labourent des champs et jardins, entrent en collision avec des TGV, comme il y a encore quelques jours, dans le Morbihan : les sangliers s’invitent de plus en plus dans notre quotidien et posent problème. Face à cette prolifération, existe-t-il des solutions ? Les réponses de Jean-Noël Ballot, vice-président de l’association Bretagne Vivante.
Une explosion de la population des sangliers
La population des sangliers explose depuis quelques années. On compterait aujourd’hui entre un et deux millions de sangliers en France. Peut-être davantage. L’accroissement des populations de sangliers semble exponentiel depuis quelques décennies. Jean-Noël Ballot, vice-président de Bretagne Vivante, rappelle qu’à la fin du XXème siècle, des chasseurs ont élevé et lâché des sangliers (parfois croisés avec des cochons), pour augmenter le gibier.
Une situation hors de contrôle
Ensuite, les mutations du monde rural ont produit une situation hors de contrôle. « Il y a des endroits qui sont redevenus sauvages, des fonds de vallées, qui ne sont plus entretenus, qui ont fourni des abris pour ces animaux. On a eu le développement de l’agro-industrie avec notamment le maïs, bien visible dans tous nos paysages. Finalement, les sangliers ont des abris et de la nourriture en abondance. Ils raffolent du maïs, en plus il y a des hivers de plus en plus doux, donc il y a moins de mortalité chez les jeunes sangliers, et on s’aperçoit que les jeunes femelles de sangliers se reproduisent de plus en plus tôt. »
La réponse insuffisante des chasseurs
Les chasseurs ont abattu près de 800 000 sangliers en 2022-2023. C’est 20 fois plus qu’en 1970, mais ce n’est pas suffisant pour réguler l’espèce. Pour Jean-Noël Ballot, il ne faut y voir aucune mauvaise volonté des chasseurs, mais on est sans doute arrivé aux limites du système. « Il faut trouver d’autres solutions ».
« Les chasseurs ont pratiquement le droit de chasser le sanglier toute l’année, maintenant. Ils sont motivés parce que ce sont eux qui doivent payer aux agriculteurs les dégâts faits dans les cultures par les sangliers, et ça leur coûte une fortune. Une bonne partie des fédérations de chasse en France sont pratiquement en faillite, à force de payer des dégâts aux agriculteurs. Il va falloir trouver d’autres techniques de contrôle. Il y a plein d’endroits qui sont difficilement chassables, par exemple les périphéries de villes, vous ne pouvez pas tirer pour des raisons de sécurité. Et on sait très bien que le nombre de chasseurs va continuer à diminuer, il faut trouver d’autres solutions. Ce sera peut-être des entreprises qui passeront leur temps à chasser le sanglier. »
Piégeage et abattage : pas de miracles à court terme
En dehors du piégeage et de l’abattage, difficile d’entrevoir une solution à court terme. Inoculer une maladie aux sangliers, par exemple, n’est pas une bonne idée, pour Jean-Noël Ballot.
« On a fait ça avec le lapin, maintenant le lapin est une espèce en voie de disparition. Comme il proliférait, il faisait des dégâts dans les cultures, on a introduit une maladie qui a détruit les populations. On a introduit la myxomatose, et après un autre virus chinois, qui ont décimé les populations de lapins, qui non seulement étaient le gibier de base des chasseurs ici mais qui nourrissaient aussi beaucoup de prédateurs, et qui entretenaient la végétation en broutant des pelouses, etc. Il faut se méfier de ce genre de techniques. »
Le retour du loup : une solution inattendue ?
Dans ce contexte, le retour du loup, dans l’Ouest, n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Le loup, tant décrié, pourrait bien être un allié, voire une solution, pour la régulation des sangliers.
« Le sanglier n’a qu’un prédateur, le loup. Dans les régions où il y a des meutes de loups, dans le quart sud-est de la France, les chasseurs se plaignent parce qu’il n’y a plus de gibier. Même dans les Monts d’Arrée où on a un loup, les agriculteurs du coin ont dit : il mange des moutons, mais par contre, au niveau des cultures, on a moins de dégâts, parce qu’il mange des chevreuils et des sangliers. On a eu 3 ou 4 générations d’agriculteurs qui ont vécu sans le loup. Il va revenir, et maintenant il faut se réhabituer à vivre avec. »
Actuchasse pour Caninstore
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