Privés de chasse traditionnelle, les chasseurs suspendent les battues aux sangliers, les agriculteurs se sentent « pris en otage »
Les chasseurs des Landes et des Pyrénées-Atlantiques réagissent à l’interdiction de la chasse à l’alouette et arrêtent les battues aux sangliers
Le lundi 6 mai, le Conseil d’État a acté l’interdiction de la chasse à l’alouette. En réponse, les chasseurs landais et des Pyrénées-Atlantiques menacent d’arrêter les battues collectives aux sangliers dans leurs départements à partir du 1er juin, au grand dam des agriculteurs qui subissent les dégradations des animaux dans leurs cultures.
« Pour mettre la pression », expliquent les fédérations de chasse des Landes et des Pyrénées-Atlantiques dans un communiqué, « toute collaboration avec les services de l’État en matière de suivi sanitaire de la faune sauvage » sera suspendue. Les battues collectives aux sangliers seront ainsi arrêtées dans les départements « jusqu’à nouvel ordre », en conséquence de l’interdiction de chasse à l’alouette actée par le Conseil d’État.
« Incompréhensible »
La chasse traditionnelle aux alouettes, déjà interdite dans les Landes depuis octobre 2022, a été définitivement suspendue par le Conseil d’État le 6 mai. Les pantes et les matoles, ces cages et filets qui permettent de capturer vivants les oiseaux sauvages, ont été jugés illégaux. Une décision qualifiée de « victoire » par les associations de protection de la faune après des années de combat. Pour les chasseurs landais, cependant, ce jugement est « inacceptable ».
Régis Hargues, directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, affirme : « Il n’y a aucune décision de la Cour de Justice européenne qui interdit ces pratiques. Nous répondons à toutes les demandes faites par les associations, l’état de conservation des alouettes, la contrôlabilité. Tous les voyants sont au vert pour que nous puissions la pratiquer. »
Des agriculteurs lésés
Alors que les chasseurs défendent ces pratiques séculaires du sud-ouest, les agriculteurs, de leur côté, se sentent lésés. Les battues de sangliers, considérées comme des missions de service public attribuées aux chasseurs, sont « particulièrement nécessaires » dans les Landes, où cette espèce prolifère, causant des dégâts sur les cultures.
Christophe Mesplède, agriculteur à Lesgor, témoigne de ses difficultés : « Il y a deux jours, j’ai dû solliciter un lieutenant de louveterie pour abattre un animal qui causait des dégradations sur mes parcelles. Les agriculteurs se sentent pris en otage dans ces histoires parce qu’on sait qu’on est en campagne électorale. Les chasseurs essaient de trouver des arguments, mais nous, on subit les dégâts. C’est malvenu. »
D’autres actions « fortes » à venir
La situation pourrait encore se compliquer pour les agriculteurs. « Les agriculteurs pourraient faire appel au lieutenant de louveterie pour des battues administratives, mais c’est toujours plus compliqué », regrette Christophe Mesplède. « La réactivité est moins bonne car ils sont très occupés. »
Pour la Fédération des chasseurs, aucun retour en arrière n’est possible. Régis Hargues explique : « Annuler toutes ces petites chasses traditionnelles fait perdre beaucoup de chasseurs et donc, il y aura moins de personnes investies dans la régulation aux côtés du monde agricole. C’est aussi une forme de demande d’aide auprès des agriculteurs. Nous avons besoin de tous les sympathisants de la vie rurale pour préserver l’intérêt général, notamment la régulation des sangliers. »
Les chasseurs prévoient d’autres actions « dures » et « impactantes » pendant l’été. La fédération nationale de chasse envisage même de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme pour « sauver la chasse traditionnelle ».
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Actuchasse pour Caninstore