Le grand méchant loup ne fait plus peur… à Bruxelles
L’Europe réduit la protection des loups, éleveurs soulagés, écologistes outrés
Fini le temps où le loup était le grand méchant des contes pour enfants ! Désormais, c’est lui qui tremble devant les chasseurs européens. Sur proposition de la Commission von der Leyen, le Comité des représentants permanents (Coreper) des États membres vient en effet de donner son feu vert pour abaisser le statut de protection du loup en Europe. De « strictement protégé », notre ami Canis lupus passera à simplement « protégé ». Un déclassement qui fait hurler les défenseurs de l’environnement, mais ravit les éleveurs.
Le Conseil doit formellement approuver la décision des ambassadeurs. Ensuite, l’UE soumettra la proposition au comité permanent de la convention de Berne, prévu pour début décembre. Le changement au niveau de la convention de Berne est une condition préalable à toute modification du droit européen, en l’occurrence la directive habitats de 1992.
65 500 ovins sous les crocs des loups chaque année
« Une première victoire salutaire », se réjouit l’eurodéputée française Céline Imart (LR). Elle y voit un « répit » pour les éleveurs « durement touchés » par les attaques de loups. Le loup a largement montré les crocs. Selon l’analyse de la Commission, la population des loups a explosé en Europe, dépassant en 2023 les 20 000 individus (dont 1 100 en France).
Les loups sont responsables de la mort de 65 500 bêtes chaque année en Europe, dont 73 % de moutons et chèvres, 19 % de vaches et 6 % de chevaux et d’ânes. Le sud de l’Europe est particulièrement touché : l’Italie, l’Espagne et la France voient chacune entre 10 000 et 14 000 de ses bêtes succomber annuellement aux crocs des prédateurs. L’Hexagone, à lui seul, a déploré plus de 12 000 victimes en 2022, tous types de bétail confondus.
« Le loup reste une espèce protégée », rappelait la commissaire Kadri Simson lors d’un débat au Parlement européen le 28 février dernier. Pas de chasse à courre en perspective, donc, juste un peu plus de « flexibilité » pour gérer les populations. Une flexibilité qui risque tout de même de se traduire par quelques séances de ball-trap dans les montagnes.
La CJUE restreint les dérogations au strict nécessaire
La Commission joue les équilibristes entre protection de la biodiversité et intérêts des éleveurs. « Adapter le statut de protection sera une étape importante pour relever les défis posés par l’augmentation des populations de loups », expliquait Kadri Simson, tout en maintenant l’objectif global « d’atteindre et de maintenir un état de conservation favorable pour l’espèce ». « La Commission continuera à soutenir les autorités nationales et locales par des financements et des orientations visant à promouvoir la coexistence avec le loup et les grands carnivores en général », expliquait, de son côté, le commissaire Virginijus Sinkevicius, chargé de l’Environnement. « Les investissements dans les mesures de prévention demeurent essentiels pour réduire la prédation du bétail. »
De toute façon, il était indispensable de changer légalement le degré de protection du loup en Europe car la Cour de justice de l’UE ne plaisante pas avec les dérogations. Selon sa décision du 11 juillet, seuls les loups directement responsables de dommages pourront être dans le viseur. Et avant d’en arriver là, les autorités devront avoir épuisé toutes les alternatives non létales. La CJUE campait sur la notion de « culture de la coexistence » entre loups et humains.
Pour en savoir plus sur l’évolution du statut de protection des loups en Europe et ses implications pour les chasseurs et les éleveurs, visitez Caninstore.
Actuchasse pour Caninstore