Ouverture de la chasse : entre troc, pâté officiel et clandestin, les chasseurs et le sanglier
Le sanglier est devenu le sujet de conversation de prédilection, notamment en raison de sa prolifération inquiétante. En Occitanie, plus de 160 000 de ces animaux sont abattus chaque année, mais la question qui se pose est : comment tirer parti de cette viande à fort potentiel, alors que les chaînes d’approvisionnement officielles peinent à se structurer face aux réseaux clandestins ?
Un surplus de sangliers et un intérêt croissant
Les sangliers, en raison de la déprise viticole et du recul des terres agricoles, s’installent de plus en plus près des habitations, causant de nombreux dommages. Louis, un chasseur héraultais de 46 ans, explique qu’ils partent chasser trois fois par semaine, se rendant dans la région de Gignac, tout en constatant une diminution du nombre de chasseurs, malgré la présence abondante de gibier.
Le partage, une tradition bien ancrée
Lors des battues, les chasseurs ont l’habitude de se partager les morceaux de sanglier, générant ainsi un système informel de partage en fonction des besoins. Après la chasse, un tirage au sort détermine qui reçoit quelles parties de l’animal : épaules, gigots ou côtelettes. Cependant, pour beaucoup, la viande s’accumule rapidement dans le congélateur, entraînant parfois des dilemmes sur la manière de l’écouler. Entre cadeaux à la famille et au voisinage, parfois il faut faire preuve de créativité pour éviter le gaspillage.
De la viande à la cuisine : créativité et économies
Pour éviter de voir leur congélateur déborder, certains chasseurs se lancent dans des préparations variées comme des daubes ou des hamburgers maison. Mathieu, 38 ans, a même trouvé un créneau en créant des steaks hachés assaisonnés avec divers ingrédients, ce qui lui permet d’économiser tout en soutenant la durabilité alimentaire.
Un marché à la frontière de la légalité
Mais la gestion de la viande de sanglier ne s’arrête pas là. Alors que d’autres optent pour des voies légales, certains encouragent le troc, échangeant la viande contre d’autres services, comme la réparation de voitures. Jacky, un jeune retraité, avoue se lancer dans la production de pâté de sanglier, bien qu’il le fasse sans passer par le circuit officiel. Avec ses amis, ils créent et vendent jusqu’à 2000 boîtes de pâté par an, justifiant cette démarche par les frais importants liés à la vétérinaire pour leurs animaux de compagnie blessés durant les chasses.
Les limites du circuit officiel
La réalité est que moins de 1 % des sangliers en Occitanie transite par un circuit officiel. La plupart des chasseurs trouvent le coût des analyses vétérinaires trop élevé et se concentrent plutôt sur des méthodes informelles. Les produits finis, tels que les plats cuisinés promenés sur le marché, peinent à entrer en concurrence avec le gibier importé de l’Europe de l’Est.
En quête de solutions : dons et partenariats
Pour faire face à ces difficultés, les associations humanitaires voient un potentiel dans ce surplus de viande, et des initiatives voient le jour pour permettre des dons, bien que régulés par des normes strictes. Les fédérations locales cherchent des partenariats pour faciliter une distribution conforme, en transformant la viande en plats en conserve ou en civets qui pourraient servir des repas à ceux qui en ont besoin.
Le goût du sanglier reste à découvrir
À travers plusieurs initiatives, des efforts sont mis en place pour informer le grand public sur cette viande maigre, encore méconnue. Enlaidies par une image parfois peu engageante, les organisations promeuvent le sanglier en partenariat avec les lycées hôteliers, espérant ainsi voir des recettes intégrant ce gibier émerger dans les restaurants.
Il est indéniable que la filière sanglier soulève de nombreuses questions, tant sur le plan économique que légal. Alors, à quand une meilleure valorisation de ce gibier et une réflexion profonde sur les pratiques de chasse et de consommation ?
Actuchassse pour Caninstore
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