Reportage dans les Pyrénées-Orientales : L’art de la chasse à la battue

Un rassemblement à l’aube

La saison de la chasse a ouvert ses portes le 14 septembre dans les Pyrénées-Orientales, et cette pratique suscite encore des débats houleux. Pourtant, en ce mercredi matin, à l’heure où le jour se lève timidement, une vingtaine de chasseurs se regroupe, casquettes orange et vestes assorties enfilées, prêts pour l’action.

Rappel des règles et sécurité en tête

Sur le capot d’un 4×4, Pierre Taberné, président de l’Association intercommunale de chasse agréée (AICA) de Caixas-Camelas, s’assure que tous les participants sont inscrits sur le carnet de battue. Il rappelle alors, avec autorité, les règles de sécurité : angles de tir, moments pour charger et décharger son arme, dans un silence respectueux. Avant de partir, les chasseurs doivent également signaler leur présence avec des panneaux aux intersections.

Traquer le sanglier : une nécessité locale

Le paysage qui s’étend devant eux abrite des sangliers prolifiques qui causent des ravages dans les cultures. Un agriculteur à proximité a appelé à l’aide, frustré par les incursions nocturnes des bêtes. La loi de 1968 impose aux chasseurs de compenser les dégâts causés par le grand gibier, d’où l’importance de leur quête incessante de sangliers. Jean-Roch Cazals, directeur de la fédération de chasse départementale, souligne le coût de cette obligation, évoquant des indemnités passant la barre des 160 000 euros l’année précédente.

Un trajet sinueux vers le battue

Les 4×4 serpentent sur les pistes de DFCI avant que chacun ne prenne position dans le maquis. L’ambiance est concentrée ; Jean-Roch Cazals sort sa carabine, insérant des munitions de gros calibre. « L’objectif est de stopper l’animal sur le coup », explique-t-il, soucieux d’éviter des blessures inutiles.

Des chiens, des clochettes et des interactions

Les chiens aboyent au loin. Les piqueurs, guidés par la voix, orientent leur meute, cherchant à « lever » les bêtes pour les diriger vers les tireurs. La cohabitation avec d’autres utilisateurs de cette nature – randonneurs, promeneurs – fait souvent rage. Jean-Roch Cazals insiste sur l’importance de la pédagogie auprès du grand public pour clarifier la présence des chasseurs dans ces espaces.

La chasse en action

Le bruit d’un sanglier qui surgit de la végétation met les chasseurs en émoi. Un tir résonne et la cible s’effondre. Ce mâle pèse environ 50 kg. Jean-Roch prélève alors des échantillons pour une veille sanitaire. Le calme revient sur le terrain.

Une battue célébrée et partagée

Avec la fin de la battue, les chasseurs s’excitent en partageant leurs histoires. La capture d’un sanglier de 110 kg s’accompagne de rires et d’anecdotes sur les défis rencontrés. La viande ainsi récoltée sera partagée, permettant de savoir ce qu’ils consomment. « C’est tout aussi naturel que l’élevage », affirme l’un des participants.

Un lien social fort malgré les stéréotypes

Jean-Roch Cazals déplore l’impact des clichés, souvent véhiculés par la culture populaire, qui décrivent les chasseurs de manière peu flatteuse. Malgré une diminution globale des accidents, les préoccupations persistent. Dans les Pyrénées-Orientales, aucun incident majeur n’a été enregistré depuis des années grâce aux efforts de prévention.

Vers une chasse plus inclusive

Avec près de 6000 chasseurs dans le département, la diversité des âges est frappante, allant d’un jeune de 16 ans à un vétéran de 83 ans. Reste un défi à relever : fémininiser la pratique, avec seulement 13 % des candidates au permis de chasse étant des femmes. La battue laisse place à un retour au silence, mais rappelle à tous que la chasse est un débat collectif bien plus vaste que la simple capture du gibier.

Actuchassse pour Caninstore

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