Le cerf corse : la prolifération d’une espèce protégée

Le cerf corse, réintroduit sur l’île après avoir disparu au milieu du 20ème siècle, semble aujourd’hui trop à son aise face à la montée de sa population. D’un maigre nombre de quelques centaines d’individus, les chiffres actuels montrent une multiplication exponentielle jusqu’à atteindre 4 000 animaux, un chiffre jugé excessif par certains agriculteurs.

Un passé marqué par l’extinction

Initialement présent sur presque toute l’île au début des années 1900, le cerf corse a connu un déclin alarmant à cause d’une chasse excessive et incontrôlée. Dans les années 1930, sa survie se résumait à quelques individus réfugiés dans la plaine orientale près d’Aléria. Les événements de la Seconde Guerre mondiale, marqués par les interventions des troupes de Mussolini et des Alliés, ont encore affaibli la population. Entre-temps, l’assèchement des marais et l’intensification de la viticulture ont réduit son habitat. Le dernier cerf corse a été abattu par un braconnier en 1969, marquant un point de non-retour.

La réintroduction réussie

Face à cette situation désastreuse, le Parc Naturel Régional Corse a lancé un programme de réintroduction. En 1985, quatre individus en provenance de Sardaigne, une variété génétiquement identique, ont été introduits dans un enclos. Depuis lors, 12 lâchers en pleine nature ont permis d’établir une population florissante. Ce nouvel élan a vu une augmentation remarquable de la population, qui s’est diversifiée grâce à d’autres cerfs venant également de Sardaigne.

Le problème de la surpopulation

Bien que le cerf corse prospère, cette explosion démographique pose des problèmes. N’ayant pas de prédateurs naturels sur l’île, sa population continue d’augmenter de manière inquiétante. La protection stricte dont il bénéficie, dans le cadre de la directive européenne Habitats, complique davantage la situation. Les agriculteurs, désemparés par les ravages causés à leurs cultures, appellent à une régulation de l’espèce. Une demande qui a même incité certains à commettre des actes de braconnage, tel que l’abattage d’un faon en septembre 2024.

Les défis de la régulation

Stevan Mondoloni, responsable du programme de conservation, souligne qu’une régulation des populations de cerfs est inévitable. Malheureusement, la rigidité du statut de protection rend cette régulation très compliquée. Son constat est sans appel : « Le statut européen bloque toute possibilité de régulation simple. Tant qu’il n’évolue pas, aucune solution légale pour gérer la population sur l’île n’est envisagée ».

Les attentes des chasseurs

Les chasseurs, cependant, sont réticents à ouvrir la chasse au cerf corse. Ange-Dominique Manenti, un chasseur local, précise que : « Nous ne voulons pas avoir à prendre en charge les dégâts qu’il pourrait causer. En revanche, un partenariat avec les institutions pour réguler l’espèce pourrait être envisageable. » L’idée d’introduire des prédateurs naturels, comme les ours ou les loups, est totalement exclue.

Une réflexion nécessaire

Malgré les inquiétudes croissantes des agriculteurs, la situation reste bloquée. Certains agriculteurs affirment que si rien ne change, le braconnage pourrait augmenter. Les services de l’État semblent démunis face à cette problématique. Une réunion prévue par la chambre d’agriculture pourrait ouvrir la voie à de nouvelles discussions pour concilier la préservation du cerf corse et les besoins des agriculteurs.

La problématique de la gestion de la population des cerfs corses soulève des questions essentielles sur la cohabitation entre la faune protégée et les activités humaines. Quelle sera la solution pour garantir un équilibre ?

Actuchassse pour Caninstore. Pour en savoir plus sur la chasse et les animaux, visitez Caninstore.

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