Chasse des oiseaux migrateurs : tensions entre science et décisions politiques
Depuis 2021, la Commission européenne a mandaté des experts pour évaluer la durabilité de la chasse des populations aviaires en Europe. Alors que les conclusions scientifiques attendues pour l’avril 2025 pointent trois espèces à surveiller, la France veut d’ores et déjà restreindre ou suspendre la chasse de neuf d’entre elles. Cette réaction rapide soulève des questions sur l’utilisation des données scientifiques dans un contexte politique tendu.
Des recommandations controversées sur les espèces migratrices
Au fil des quatre dernières années, des scientifiques ont analysé 33 espèces d’oiseaux migrateurs, en étudiant leurs caractéristiques démographiques et migratoires à l’aide de modélisations mathématiques. Malgré un travail rigoureux, la Commission européenne a proposé en novembre 2024 des recommandations discutables, rejetées par la plupart des États-membres après une consultation. Cependant, la réunion du 1er avril 2025 a mis en lumière un nouveau consensus : une gestion adaptative pour le fuligule milouin, la caille des blés et le canard siffleur, aucune d’entre elles ne justifiant un moratoire immédiat.
La France à contre-courant des décisions scientifiques
Sur le terrain, la France semble ignorer cet appel à la patience et s’engage dans des restrictions, en préconisant un moratoire sur le fuligule milouin et en réduisant les périodes de chasse pour plusieurs autres espèces. Cette décision, dépourvue de fondements scientifiques solides, interpelle les acteurs du milieu qui s’interrogent sur la nécessité d’une telle précipitation. D’autant plus que la coordination européenne aurait dû être privilégiée, les migrateurs étant le fruit d’un écosystème transfrontalier.
Un revirement politique en question
Le revirement du ministère de la Transition écologique, dirigé par Agnès Pannier-Runacher, est un sujet de discorde. Des espèces qui n’ont même pas été évaluées par la Commission, comme le lagopède alpin, figurent désormais sur la liste des restrictions. Les critiques affirment que les motivations derrière ces décisions sont plus politiques qu’écologiques, semblant participer à une volonté de ‘greenwashing’ au détriment d’une approche fondée sur la science.
Un appel à l’unité et à la réactivité
Le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a exprimé sa profonde consternation face à cette situation et appelle les chasseurs à rester vigilants et unis. Selon lui, les décisions du ministère reflètent une tendance inquiétante à ne pas respecter les résultats scientifiques au profit d’une agenda politique. Il exhorte donc la communauté cynégétique à s’opposer fermement à ce qu’il décrit comme une menace directe contre la passion de la chasse et les valeurs qui y sont associées.
Face à ces enjeux complexes, il est crucial pour les acteurs de la chasse de se mobiliser et d’exiger une réelle prise en compte des données scientifiques avant toute décision qui pourrait compromettre l’avenir de la pratique.
Actuchassse pour Caninstore